Robe/sculpture crée pour l’appel à projet de la “Nouvelle Manufacture” sur le thème du stylisme et de l’altération.
J’aimerais avec cette œuvre interroger le Territoire du corps, du Moi, d’un corps vivant en émoi. Et plus exactement, la notion de Frontière si subtile, qui sépare le corps charnel et l‘émulsion intérieure de la vie émotionnelle. Partant du principe, que le corps est le support visible de notre monde intérieur, le vêtement devient ainsi l’enveloppe symbolique de l’âme, la résultante de ses vases communicants. Comment alors réagit-il, se transforme-t-il avec les expériences vécues? Les petits bouts d’existence après s’être effilochés, se font rafistoler avec patience. Les moments volés de bonheur, de joie, les tranches de rire se superposent et passent comme des voiles sur l’habit d’existence, afin d’en alléger le cours…
L’altération devient, ici, l’altération des illusions de jeunesse, de soi au contact de l’Autre, qui nous révèle à nous même dans nos failles et nos faiblesses mais qui nous renforce également. Ainsi, les petites peines se cicatrisent à petits points serrés…Le fil se tend et remet bout à bout…Et puis, cette reliance par le sol aux lieux où l’on vit, à nos petites maisons intérieures, qui nous nourrissent si l’on sait les alimenter…
Que voit-on ? Déjà, ce Blanc jauni par le Temps …Puis, ce Rouge, brut, violent, qui par sa force évocatrice,nous ramène aux traumatismes ancestraux…
Techniquement ? La mercerie utilisée provient directement de mon propre trousseau de famille : mouchoirs désués brodés d’initiales oubliées, vieille fermeture éclair jaunie, dentelles, petits bouts de soie glanés…L’utilisation du point machine permet à la couleur rouge de l’intérieur de la robe de fuser par endroit et également de « cartonner » les bords de la robe. L’ossature du corps ressort vers le cœur avec l’os comme pour soutenir cet organe symbolique rafistolé.
Exposée sur le lieu de la Nouvelle Manufacture en octobre/novembre 2016 en compagnie de 15 autres “robes”.